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L’entre-deux mondes by Josette Alia (TéléCinéObs)
22.11.2003
Temps fort Lundi, à 21h55 - Arte Documentaire : “Route 181, fragments d’un voyage en Palestine-Israël”, de Michel Khleifi et Eyal Sivan.
La résolution du conflit israélo-palestinien ne passe pas par les concepts habituels de vainqueurs et de vaincus mais par une réconciliation des deux peuples.
Cinquante-cinq ans après la résolution 181 de l’ONU, qui prévoyait la partition de Ia Palestine en deux Etats, l’un juif, l’autre arabe, et qui fut aussitôt suivie par la première guerre israélo-arabe de 1948, Eyal Sivan et Michel Khleifi ont choisi de suivre cette frontière, restée virtuelle. En résulte un long, très long voyage qu’il faut prendre le temps de regarder sans impatience, parce que la durée est ici essentielle.
Elle restitue les deux dimensions qui, fondamentalement, rendent insoluble le problème israélo-palestinien. Durée verticale du temps historique, d’abord : il est évident que le passé joue ici un rôle majeur, qu’il n’est jamais oublié, que chaque Palestinien le revit comme une spoliation inexplicable, injuste, dont le souvenir bloque toute compréhension pour ceux qui sont toujours considérés comme des envahisseurs. Mais il est aussi, ce passé, sans cesse revisité, vécu par les premiers pionniers juifs et par leurs enfants comme une geste héroïque, la réalisation du grand projet sioniste promis au peuple juif comme une réparation normale et juste pour les souffrances passées. A travers les témoignages sincères et contradictoires récoltés au hasard de la route, comment ne pas voir que, sans un choc décisif, l’histoire marquera pour longtemps, et pour le pire, l’inconscient collectif des deux sociétés ? L’autre durée, horizontale et plus immédiate, est celle du temps perdu et des multiples occasions d’incidents violents qui pourrissent la vie quotidienne à cause du bouclage des villages, des barrages militaires, des innombrables difficultés de circulation des hommes ou des marchandises, de ces barrières électriques et du nouveau mur de béton derrière lequel Israël pense pouvoir se protéger des attentats terroristes. Mais tant que Gaza restera une planète interdite, que les Israéliens ne verront leurs voisins qu’à travers des grillages, que des check-points sépareront les uns et les autres, alors s’éloignera de plus en plus la possibilité de connaître l’autre, donc de ne pas le détester.
Observateurs attentifs d’une situation qu’ils qualifient de “construction idéologico-pathologique”, Eyal Sivan et Michel Khleifi ont voulu réaliser ici un “acte filmique”, et ils ont réussi. Leur long documentaire restitue l’épaisseur, la durée, les couleurs d’une réalité quotidienne dramatique trop souvent ignorée. Après avoir pendant quatre heures, au fil des rencontres impromptues, écouté les hommes, les femmes, les jeunes, les religieux et les laïcs, les enfants, ceux qui espèrent et ceux qui se cherchent, après avoir vu ces paysages qui dessinent le même pays en panne d’espoir, chaque spectateur se rendra compte que le problème israéIo-palestinien ne sera réglé ni d’en haut ni par la force. Sa solution ne passe pas par les concepts habituels de la guerre et de la paix, du vainqueur et du vaincu. Elle passe par la réconciliation des deux sociétés, sur le terrain, au plus près, au plus proche. Une réconciliation qui doit se faire d’urgence, car depuis trois ans que s’élèvent les barrières et que se multiplient les violences, on voit bien que ce n’est pas la paix qui se dessine mais la haine qui menace.
Josette Alia
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Le choix de TéléObs - 21h55 Route 181 Fragments d’un voyage en Palestine-Israël.
Documentaire. Réalisé par Michel Khleifi et Eyal Sivan en 2003. Michel Khleifi et Eyal Sivan, un Palestinien et un Israélien, ont décidé un jour de parcourir la frontière théorique qui sépare La Palestine en un Etat juif et un Etat arabe depuis la résolution 181 adoptée par les Nations unies en 1947. Sur les routes, ils sont partis à La rencontre d’anonymes israéliens et palestiniens, qui racontent leurs expériences, leurs souvenirs, et la façon dont ils comprennent ce qui se passe autour d’eux. Ils parlent de l’avenir, de ce que pourrait devenir leur pays et leur vie. De ce voyage, les deux hommes ont rapporté des centaines d’heures de rushes, dont ils ont tiré un documentaire divisé en trois parties : le Sud, le Contre et le l’Nord. Un grand témoignage empreint du désir de vivre et de construire ensemble.